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≡ La recherche de la couleurDidier Cholodnicki
Photographies de Didier Cholodnicki réalisées à Pondichéry en 2007. ArtKopel vous présente le premier "livre-exposition" publié par Artémise et Arthur Kopel, avec un travail photographique de Didier Cholodnicki à Pondichéry en 2007. Naviguer est nécessaire, vivre ne l’est pas. La nuit était tombée déjà depuis longtemps. Elle tombait tôt l’hiver dans cette ville grise, sous ce ciel gris. Seule la glace, qui pétrifait le Danube, se donnait quelques couleurs d’herbes sèches emprisonnées. Nous étions dans une ancienne kafana, à Belgrade. La recherche de la couleur. On pourrait dire une certaine palette si le terme n’était pas impropre. Les couleurs passées des bonbons, du temps où ils étaient plus rares : ceux qui avaient la forme de quartiers d’orange et de citron, la forme de violette, ou le rectangle coquelicot, avec la poussière blanche de sucre glace et leurs goûts acidulés. Et nous, enfants, nous les portions à nos yeux pour regarder à travers. Alors nous ne voyions rien d’autre que le translucide de la couleur. Instants singuliers de l’enfance, qui dévient le cours de la vie, où nous nous tenions immobiles, comme pour devenir invisibles, dans notre retrait savourant les couleurs sur la langue. Et, pendant que nous nous abandonnions au pur goût, nos yeux se perdaient dans ce qui nous entourait. Quelque chose fond... La couleur de ces bonbons est le fond de nos voyages d’enfance : un hors temps. La saveur s’infuse, ainsi la couleur dans l’image. La couleur propre du senti lointain, du temps où nous nous voulions seuls. Pourquoi n’utilise-t-il pas les couleurs de la vie ? Comme si la vie était déjà le souvenir de la vie. Didier Cholodnicki cherche à se mettre hors du monde, seul à seul, comme pour aller à sa rencontre plus sûrement. Le point aveugle du monde : il n’y a rien à voir à Pondichéry, Il y avait à Argos un homme, de bonne naissance, nous raconte Horace, qui croyait entendre de merveilleux tragédiens dans le théâtre vide où il venait chaque jour, s’asseoir et applaudir... Arthur Kopel |